Provorov, Ellis, Keith, Nurse...

11 Juillet 2019 - J'écris cet article durant la première journée pluvieuse de mes vacances. Quelques jours seulement apres avoir obtenu un ordinosaure (pc) afin que je puisse faire mes lignes l'an prochain autrement qu'à mon travail; quelques jours seulement après avoir déclaré à Lewis (Dg Chicago) lors d'un party qui, ma foi, ne s'est jamais terminé, que cette saison, je n'écrirais pas de revue MoneyLigue. Vous savez ce que c'est: manque de temps, pas d'ordi, d'autres projets... Voilà. À l'heure d'élaborer ma recherche pour mettre sur pied ce texte, j'ignore toujours si je vais publier cette saison. Pas de promesse que je ne pourrai tenir, encore moins un catégorique "non, pas de revue 2019", car dit-on que seul les fous ne changent pas d'idée. Pourtant, la folie me guette depuis si longtemps...


     Cette nuit, j'ai rêvé que le Canadiens de Montréal gagnait la Coupe Stanley en 2020 face aux Jets de Winnipeg. Ce n'était pas un rêve agréable, car j'avais misé ma dernière blouse sur les Jets - pas ma blouse... ma chemise, MA CHEMISE!! Ce qui importe dans le contexte, c'est que le joueur qui a fait la différence dans la victoire de ce dénouement hypothétique à la saison 2019-2020 de la Ligue Nationale, fut un joueur autonome embauché par Marc Bergevin. Nul autre que le défenseur étoile... Bobby Orr!!! (Quand je vous soulignais dans ma préface que la folie me guette...) Après avoir avalé mes anti-psychotiques en me gargarisant allégrement à l'aide d'une bouteille-qui-donne-des-ailes aux dires de la publicité, je me suis mis à étudier un peu les joueurs autonomes de la NHL qui pourrait venir aider le Canadiens de Montréal. J'ai surtout ciblé ma recherche avec un défenseur top 4, prenant pour principal appui un défenseur capable de revigorer l'avantage numérique.

     Je vous arrête immédiatement: non, le Canadiens ne signera pas le prochain Bobby Orr et, est-ce utile de le mentionner, non, votre tricolore ne gagnera pas la prochaine Coupe Stanley. Je veux ni être grincheux ni péteux de bulle puisque, pour preuve, mon implacable objectivité me fait dire que voir les Jets en final l'an prochain est tout aussi irréaliste même si j'ai Winnipeg de tatoué sur le coeur depuis la saison 1992-1993.

     Le seul défenseur avec un historique de top 4 disponible est (était devrais-je dire, puisque vous lirez ce texte en septembre), Jake Gardiner. Alors intéressons-nous un peu à ce joueur. Il a mauvaise presse à Toronto. Les journalistes là-bas ont mis sa tete à prix dès le camp d'entrainement. Pourtant il venait de connaitre sa meilleure saison en carrière avec 52 points, différentiel de +9. Il termine la saison dernière avec 30 points, une grosse baisse de régime, mais un impressionnant +19, le 3e meilleur ratio du club derrière Ron Hainsey (+30) et Reilly (+24). Ou est le problème avec Gardiner? Tout le monde esp`re voir le Canadiens se départir d'un bon espoir et d'un premier choix pour Gostisbehere a Philly, alors que Gardiner était libre comme l'air et détesté autant que Machiavel lors de la Renaissance. Pourquoi? Pourquoi hair ce défenseur? On le dit a risque défensivement - tant que ça? Pour terminer à +19, il doit pas être si mauvais! Comme tout le monde, je l'ai vu joué une dizaine de fois cette année. C'est un défenseur avec une bonne première passe, qui ne transporte pas beaucoup le puck. Pas flashy, mais je ne suis pas près à dire qu'il ne vaut pas quelques millions par saison.

     J'ai poussé mes recherches un peu plus loin. J'ai regardé les stats régulières (hits, block shot, temps de jeu, give away take away...) sans rien apprendre de plus d'intéressant sur le joueur. Puis j'ai bu un thé, calmement, pour mieux identifier les besoins de l'équipe de Claude Julien versus ce que peut amener un Jake GArdiner dans une formation. (Ouais, croyez-le ou non, je bois du thé maintenant. Appellons ça l'ère post-Wolverine, si vous le tenez...)

     Autant depuis plusieurs semaines je me fais l'avocat du diable avec une possible signature de Gardiner, autant mes dernières analyses me fait dire que l'ex joueur des Leafs n'est pas le joueur qu'il nous faut. En fait, je dirais même que le statut quo sur la brigade du CH serait de mise puisqu'une signature de Gardiner viendrait a annuler toute tentative de renforcement durant la saison, ou lors des prochains joueurs autonomes. Dut au plafond salarial.

     Petite parenthèse: vous vous demandez pourquoi j'ai parlé de Provorov et compagnie dans mon titre? J'y viens sous peu, vous allez comprendre. Car je place Gardiner dans la même catégorie, c'est-a-dire de bons défenseurs qui ne serait pas le fit idéal à Montréal.

     Qu'est-ce que le Canadiens à le plus de besoin pour la prochaine saison? Un ailier droitier pour le powerplay et un défenseur capable de bouger la rondelle pour exploiter le powerplay, surtout la passe a Shea Weber afin qu'il utilise son tir frappé. Le powerplay, voilà la clé pour Marc Bergevin s'il veut gagner sa place en série. Et même si l'équipe s'améliorait avec l'acquisition de Gardiner (ou Ellis ou Nurse ou...), la formation ne règlerait que partiellement l'ennui que les joueurs éprouvent sur l'avantage numérique.

     Voici un tableau pour expliquer mon point de vue qui est simple: Gardiner est très ordinaire en PP. J'ai pris le top 25 en points a égalité numérique afin de mettre de l'avant le pourcentage de points que le joueur obtient a égalité numérique versus sa production avec un homme en plus. Apr`s le top 25, j'ai ajouté des joueurs ayant un role mitigé en PP lors des deux dernières saisons. Pour des fins comparatives.
 

  points sur deux ans points even st % even/total
B.Burns 150 89 59%
M.Reilly 124 78 63%
R.Josi 109 75 69%
M.Giordano 112 74 66%
J.Carlson 138 73 53%
J.Klingberg 112 69 62%
E.Karlsson 107 68 64%
S.Jones 103 66 64%
A.Pietrangelo 95 65 68%
K.Letang 107 65 61%
D.Hamilton 83 64 77%
V.Hedman 117 63 54%
J.Gardiner 82 62 76%
T.Barrie 116 61 53%
I.Provorov 67 60 90%
R.Ellis 73 59 81%
R.McDonagh 75 59 79%
D.Doughty 105 59 56%
K.Yandle 118 59 56%
D.Keith 72 58 73%
J.Muzzin 79 58 73%
D.Nurse 67 57 85%
R.Suter 98 57 58%
T.Krug 112 57 51%
Z.Werenski 81 56 69%
       
D.Orlov 60 55 92%
M.Ekholm 78 55 71%
A.Ekblad 75 54 72%
E.Gustafsson 76 54 73%
M.Vlasic 57 52 91%
J.Manson 53 51 96%
N.Hannifin 65 51 78%
J.Slavin 61 50 82%
TJ.Brodie 66 50 76%
C.McAvoy 60 50 83%

     Il y a plusieurs façon d'analyser ce tableau. D'abord, la principale et simple: plus le pourcentage est haut à droite, MOINS le joueur a un rôle important pour sa formation en power play. Un bon joueur offensif pourra toujours trouver le moyen d'amasser des points sur l'avantage numérique ainsi qu'à égalité numérique. Si on regarde les meneurs depuis deux ans pour le total des points, on parle de Burns(59%), Carlsson (53%), Rielly(63%), Yandle(56%) et Hedman(54%) pour ne nommer que le top 5. Pour la majorité, ils tournent autour de 56-57% de leur apport offensif a égalité numérique. Donc, un apport en PP avoisinant le 40% de leur production. On parle donc de défenseur capable de produire à toute les sauces.

     Maintenant, si on regarde les défenseur avec une valeur plus élevé dans le tableau. C'est-a-dire ceux qui amasse le gros de leur point à égalité numérique. J.Manson(96%), D.Orlov(92%), M.Vlasic(91%), I.Provorov(90%) et D.Nurse(85%). On parle pour la plupart de défenseur elite sur le plan de la production a égalité numérique. Qu'ont-ils en commun, outre leur pourcentage extrêmement élevé?

     Ce ne sont pas des défenseur de premier plan sur lesquels un club doit s'appuyer pour le powerplay.

     Évidemment, plusieurs facteurs peuvent influencer ce ratio. Si je prends l'exemple de Provorov, il est jeune, tout comme Nurse. Néanmoins, leur temps de glace est élevé dans leur formation, et tout deux jouent pour des équipes plutôt offensive. On pourrait même ajouter Orlov à cette catégorie. Washington a un club explosif et Orlov, comme Provorov et Nurse, sont tous le 2e defenseur le plus utilisé par leur équipe avec l'avantage d'un homme. Pourquoi ont-il encore leur chance dans une telle situation? Il ne la mérite certainement pas.

     Pour en revenir à Jake Gardiner, il se trouve dans la catégorie entre deux eaux. 76%, c'est eaucoup plus près des échecs en powerplay que l'inverse. Et lui aussi, s'alignait l'an dernier pour une formation offensive, et il était, lui aussi, le 2e défenseur le plus utilisé en PP. Alors faudrait-il s'attendre qu'il améliore notre PP a Montreal alors qu'il n'était pas un outil indispensable à Toronto?

     Plusieurs facteur influence ces chiffres. L'une d'elle (et c'est très personnelle cette réflexion), c'est le temps de réaction. L'idée populaire est qu'un joueur en fin de carrière récoltera encore sa part de points sur l'avantage numérique. Pour un attaquant, c'est très probablement le cas. Pour un défenseur il en est tout le contraire. Car a égalité numérique, tu peux toujours avoir une seconde ou deux pour faire une brillante passe en contre-attaque. En power play, tu n'as jamais autant de temps. La pression est constante sur le porteur de la rondelle, surtout à la pointe, et les angles de tirs - et de passes - sont forcément obstrués. Alors la fraction de seconde que l'on perd dans la trentaine, surtout quand ton talent vient de ton sens du jeu et de la qualité de tes passes, peut influer sur ton ratio. Ici je vais deux exemple. Duncan Keith (81%) et Ryan McDonagh (79%). Deux joueurs dont l'apport PP est sur le déclin. L'âge me semble le facteur le plus probable, puisqu'à égalité numérique, leur apport n'a pas changé si on observe leur Prime time.

     Un autre facteur intéressant est le rang du joueur dans le depht chart de son entraineur. Prenons Ryan Ellis (81%) ainsi que Noah Hannifin (78%). Je vais même ajouter un joueur hors de la liste pour appuyer mon points: Josh Morrissey (77%). Ces trois joueurs n'ont que peu de temps de glace en PP, jamais sur la première vague, car le coach compte sur d'autres élément qu'eux. Pourtant, ils ont le potentiel de réussir davantage si leur formation leur procure un meilleur role. Tiens-tiens, semble-t-il que mon analyse serait appréciée de leur directeur gérant. Du moins dans le dossier de Ellis, puisqu'il aura l'occasion d'obtenir un peu plus de temps de jeu avec le départ de Subban. Idem chez les Jets, avec le départ de Trouba, Morrisey pourrait bien voir son ratio s'approcher du 60% dans mon tableau dès l'an prochain.

     Je le répète, on ne peut pas prendre les chiffres de mon tableau sans les analyser, sans scruter plus loin la situation de chacun. Shea Weber est a 76%, est-ce parce qu'il n'est plus un joueur de PP? Pas du tout. C'est le genre de chose qui se produit quand un club détient un shooter et aucun passeur pour lui remettre le pécieux disque.

     En résumé, Gardiner est une mauvaise option si le but de Bergevin est de donner un boost a son power play. Gardiner n'est pas Bobby Orr, pas besoin d'analyse pour le réaliser. Au-delà ce fait, il n'est pas même un Ryan Ellis, ou un Josh Morrissey. Ce qu'il pouvait donner, il l'a démontré avec tout le temps de glace et la qualité des joueurs qui évoluaient autour de lui. Il reste un bon défenseur, mais davantage dans la catégorie d'un Jeff Petry ou d'un Dmitri Orlov.

     Pour conclure, cette petite recherche m'a fait ouvrir les yeux sur les petits joueurs dynamiques du circuit. Entre autre Torrey Krug et Tyson Barrie. J'ai toujours cru que ces joueurs étaient des joueurs de powerplay exclusivement, a rôle mitigé a égalité numérique. Je dois changer mon fusil d'épaule, car ils sont respectivement a 51% et 53%. Donc, leur apport en attaque est aussi important a égalité qu'en avantage d'un homme. C'est étonnant. C'est là qu'on s'aperçoit que le hockey a changé, et que les petits joueurs avec du patin prennent désormais une place considérable dans l'ébauche d'une équipe aspirante à la Coupe Stanley.